L'avion bombardier, de la terreur à la justice

Le mercredi à 14h15
Salles Saint-Nicolas, 2 rue du Grand-Ferré, Compiègne

Par Michel Bénichou
Historien de l'aviation, journaliste, ancien rédacteur en chef du mensuel Le Fana de l'Aviation

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Le bombardement des villes est, de tous temps, apparu comme une ignominie. Mais pouvait-il en être autrement par le passé ?
La réponse à la question est apportée par trois conférences : Le bombardement aérien des populations civiles -
Le bombardier, expression du pouvoir et de l'impuissance -
Le bombardier, bras de justice

Le bombardement aérien des populations civiles - Quand la cible est trop difficile à atteindre...

Varsovie bombardée een 1939 par la Luftwaffe
Varsovie bombardée een 1939 par la Luftwaffe. Pourquoi ?

Après la Première Guerre mondiale, les effets du bombardement aérien sont vite surestimés car, dans la pratique, la technique de bombardement est très imprécise. Bombarder les populations civiles en espérant ainsi faire pression sur l'adversaire est une vieille tentation et une illusion certaine.
Les premiers bombardements de civils, en 1937, contre Guernica et Shanghai, puis contre Varsovie en 1938 furent à la fois des expérimentations et des œuvres de terreur. Mais, à partir de 1942, c'est l'extrême imprécision des bombardements aériens qui conduisit en particulier Winston Churchill à réformer le Bomber Command de la Royal Air Force pour le jeter en armada de plusieurs centaines d'avions contre les villes allemandes, jusqu'à l'excès.
Voici quelles étaient les causes de cette imprécision et quels remèdes il fut tenté d'y apporter à l'époque.

Le scientifique et l'ego - Le bombardier, expression du pouvoir et de l'impuissance

En arrivant en Europe, les Américains mènent des recherches scientifiquement à l'aide d'experts universitaires pour déterminer leurs futures cibles. Ceci est très peu connu. Mais, en 1944, le bombardement tactique visant les voies de communication allemandes n'est introduit en Europe occidentale par les Alliés qu'après une âpre résistance des partisans du "tapis de bombes".
La vocation principale du bombardement allié change au printemps de 1944, mais l'attaque des villes allemandes perdure, qui s'explique quand certaines villes constituent des cibles stratégiques, qui dérape lorsque le bombardier sert l'Ego des chefs ! Churchill interviendra contre les abus, mais trop tard, après le désastre de Dresde (1945).
Côté Allemand, c'est faute de mieux que l'on utilise des missiles qui, trop imprécis, sont tirés contre des cibles de grandes dimensions : les villes.
Dans le Pacifique, le bombardements des villes est trop souvent justifié par la xénophobie et exprime une volonté impérialiste. Les historiens estiment aujourd'hui  que l'évolution de la Deuxième Guerre mondiale n'imposait pas l'emploi de bombes atomiques contre le Japon, lequel eut d'autres motifs que purement militaires.

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Les Américains ont bombardé Hanoï en sachant qu'ils ne gagneraient pas la guerre au Viêtnam. Pourquoi ?

La prise de conscience du gâchis - Le bombardier, bras de justice ?

Bombardement de haute précision
Bombardement de haute précision

Dès 1944, le commandant des US Army Air Forces s'inquiète de l'énorme gâchis de matériel et de vies humaines que constitue le bombardement aérien avec résultats très mitigés. Il initie les recherches vers le "bombardier automatique". Ce type d'armement n'est toujours pas au point en 1970 (sauf pour les frappes nucléaires stratégiques). Pendant ce temps, Hanoï reçoit plus de bombes que Berlin. Le bombardement aérien conventionnel change  ensuite beaucoup avec la mise au point d'armes dites "stand off" de plus en plus  précises, et ce qu'on a appelé les frappes "chirurgicales" (qui ne mettent pas à l'abri "d'erreurs médicales"). Avec ces armes nouvelles,  le bombardement aérien n'est plus l'apanage d'un commandement autonome. Il est à la portée de l'ensemble des forces (L'Irak a attaqué des navires avec des avions d'affaire). C'est désormais le cœur de cible qui est frappé en évitant au maximum les "dommages collatéraux". Peut-on dès lors penser que le bombardement , mieux contrôlé, devient un bras armé de la Justice ? Le coût de l'arme de précision qui requiert des technologies de pointe, et le bombardement massif de populations civiles par l'aviation et l'artillerie pratiqué récemment par Russes en Tchétchénie, ou Bachar El Assad contre son propre peuple ne permettent pas de l'affirmer.

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Tarif : 13,50 euros le cycle

Série n° 82