32 - L’orchestre, tout un monde
A 14h15, les jeudis 20 et 27 novembre, 11 et 18 décembre, 15 janvier
Salles Saint-Nicolas, 3 rue Jeanne d'Arc, Compiègne
Tarif : 25 €
Par Marc Dumont
Agrégé d’histoire. Ancien producteur pour France Musique, France Culture et Radio Bleue.
Enseignant en musicologie à l’université d’Angers. Conférencier.
Rédacteur de pages sur Facebook et sur le site de « Première loge ».
Le monde de l’orchestre questionne, à plus d’un titre.
Braquer le projecteur de cinq manières différentes permet de pénétrer les arcanes d’un organisme vivant totalement en lien avec le temps présent dans lequel il évolue, mais aussi lié à une histoire pluri-séculaire.
Partant d’une définition, nous explorerons la mise en place des orchestres en France, la spécificité d’une des plus célèbres phalanges au monde, avant de questionner l’instrumentalisation des orchestres et de finir par des écoutes très différenciées autour des symphonies de Schubert.
La diversité de la création reste un univers sans limite. Celle des sons et de l’interprétation également.
L’orchestre, un miroir du temps
32.1 20 novembre 2025
L’orchestre, un miroir du temps
Qu’est-ce qu’un orchestre ? La réponse semble simple. C’est « un ensemble de musiciens instrumentistes réuni pour l'exécution d'une œuvre musicale. » Pourtant, derrière l’évidence, que de questions et de surprises. Quand, pourquoi, comment sont nés les premiers orchestres ? Tout débute aux tournant des XVIIè-XVIIIè siècles : l’Italie, Hambourg, Londres, Paris… avec des moyens et des effectifs parfois surprenants. Jusqu’à la folie des grandeurs post-romantique de la Symphonie des mille, cette 8è symphonie de Mahler en 1907, ou du Prométhée oublié de Gabriel Fauré avec ses 4.500 exécutants…
Que reflète cette institution musicale du monde et de la société ? On sait peu que les instrumentistes forment un véritable microcosme social, avec ses puissantes hiérarchies économiques, son aristocratie souvent revendiquée comme telle. De fait, l’orchestre tel que nous le connaissons est le pur reflet de notre organisation du monde.
Les sociétés de concert en France (XIXè - XXè siècles)
32.2 27 novembre 2025
Les sociétés de concert en France (XIXè - XXè siècles)
Aujourd’hui, c’est une trentaine d’orchestres permanents qui se répartissent sur l’Hexagone et emploient près de 2.500 musiciens. Subventionnés par les pouvoirs publics - État et collectivités territoriales - ces orchestres sont implantés dans les grandes métropoles régionales ou accueillis au sein des maisons d’opéra. Le répertoire de ces phalanges symphoniques ou lyriques nécessite d’importants effectifs permanents allant de 50 à 140 musiciens.
Cette mission de « service public » dévolue aux orchestres ne s’est pas construite en un jour.
Comment en est-on arrivé là ? Comment et quand sont nés ces orchestres publics aujourd’hui si familiers (et menacés…) dans notre paysage musical actuel ? Au commencement était la Révolution française et sa politique de musiques pour le plus grand nombre. Puis vinrent les créations de sociétés de concert avec Pasdeloup, Colonne et Lamoureux. Une dynamique était lancée…
L’Orchestre Philharmonique de Vienne
32.3 11 décembre 2025
L’Orchestre Philharmonique de Vienne
Une « République des rois » ?
Depuis sa création en1842, l’histoire des Wiener Philharmoniker est peu banale. Cet orchestre-là se veut primus inter pares. Son organisation est très particulière : pas de chef attitré, pas de directeur musical. Ce sont les musiciens qui choisissent en fonction du concert, de même que ce sont eux, et eux seuls, qui participent au choix des nouveaux instrumentistes intégrant la prestigieuse phalange. Car la sélection est particulière dans ce monde d’hommes qui a tant de mal à s’ouvrir aux femmes. Et il existe de véritables dynasties familiales au sein de cet orchestre si spécifique. Car c’est sans doute l’orchestre le plus connu au monde.
Le traditionnel Concert du Nouvel An, désormais regardé par plus d’un milliard de spectateurs, n’y est pas pour rien. Mais l’acte de baptême de ce concert nous plonge dans ses contradictions et ses fantômes. Il date de…1941 et fut pensé par le nazisme alors victorieux comme un symbole de la supériorité du Pays de la musique, ainsi que se proclamait la Grande Allemagne. Un passé qui a bien du mal à passer pour un orchestre si fier de sa tradition musicale et de ce son si spécifique.
L’orchestre instrumentalisé : un enjeu politique
32.4 18 décembre 2025
L’orchestre instrumentalisé : un enjeu politique
Voici quatre exemples où des orchestres ont été utilisés comme supports d’actions politiques diverses.
- 1937 : L’orchestre Philharmonique de Berlin est envoyé en ambassadeur du régime nazi à l’Exposition Internationale de Paris.
- 1989 : Les Arts Florissants sont conviés au sommet du G7 qui se tient à Versailles au moment où les fêtes du bicentenaire de la Révolution française battent leur plein.
- 1989 : à Berlin a lieu un concert de Noël pas comme les autres. L’orchestre est formé de musiciens de multiples pays et Leonard Bernstein dirige une neuvième symphonie de Beethoven rebaptisée pour la circonstance l’Ode à la Liberté, seul un mot a changé dans le chœur final : Freude, la joie, est remplacé par Freiheit, Liberté, quelques semaines après la chute du mur de Berlin.
- 2016 : L’orchestre du Marinsky et son chef Valery Gergiev sont dépêchés pour donner un concert dans les ruines d’Alep dès la reprise de la région aux forces de Daesch.
Interpréter Schubert
32.5 15 janvier 2026
Interpréter Schubert
Le monde musical révélé par les couleurs des orchestres est multiple. Prenons l’exemple des symphonies de Schubert qui ouvrent des mondes infinis. De ses six premières, œuvres de jeunesse, composées, entre 1813 et 1817, entre ses 16 et 20 ans, il reste une fougue, une recherche d’un vocabulaire personnel. Sa symphonie « inachevée » (1822) prépare déjà un autre monde que fraye sa « grande » symphonie en ut (1825).
Ecouter les interprétations de ce monde schubertien foisonnant proposées par diverses phalanges donne une idée de la marque d’une interprétation comme de la couleur et des particularités de l’orchestre que dirige le chef.
Orchestres baroques ou traditionnels sonnent tellement différemment.
Furtwängler, Mengelberg, Mrawinsky, Böhm, Giulini, Sawallisch, Zinmann, Harnoncourt, Brüggen, Immersell… Que d’approches sonores faisant miroiter un Schubert qui n’est jamais ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.